20 février 2016

Alain Damasio : Aucun souvenir assez solide

Ce que l’éditeur nous dit :
Une cité de phares noyée par des marées d’asphalte où la lumière est un langage. Une ville saturée de capteurs qui dématérialise les enfants qui la traversent. Un monde où la totalité du lexique a été privatisée. Un amant qui marche sur sa mémoire comme dans une rue… En dix nouvelles ciselées dans une langue poétique et neuve, Alain Damasio donne corps à cet enjeu crucial : libérer la vie partout là où on la délave, la technicise ou l’emprisonne. Redonner aux trajectoires humaines le sens de l’écart et du lien. Face aux hydres gestionnaires qui lyophilisent nos cœurs, l’imaginaire de Damasio subvertit, perfore les normes et laisse à désirer. C’est un appel d’air précieux dans un présent suturé qui sature.

Ce que j’en pense :
La qualité, la maitrise et l’exigence d’écriture d’Alain Damasio poussées à leur paroxysme, pour le meilleur... et pour le pire. Car si certains moments, des tournures de phrases ou même certains paragraphes sont d’ordre divin, d’autres sont tout simplement inaccessibles au commun des mortels, rendant la lecture fort laborieuse. J’ai beau savoir apprécier un style recherché, il me semble que le choix des mots devrait toujours être au service du sujet traité (qu’il s’agisse de conter, d’expliquer ou juste de provoquer une sensation). De ce recueil, il y a des nouvelles que je n’ai pas pu me résoudre à terminer, ou dont je ne conserve qu’un souvenir très flou, comme par exemple C@patch@ ou Une stupéfiante salve d’escarbilles de houille écarlate. Nombre d’idées de fond et de forme y étaient pourtant excellentes. Heureusement d’autres pans du livre ont réussi à mieux me toucher, je citerai en particulier Annah à travers la harpe, So Phare away ou Les Hybres.
Alain Damasio reste à mon sens l’un des meilleurs auteurs contemporains (français tout du moins, mais peut-on jamais pleinement apprécier un auteur d’une langue maternelle différente de la notre), peut-être même le meilleur actuellement en vie parmi ceux qu’il m’ait été donné de lire.
Aucun souvenir assez solide, sans être son ouvrage le plus réussi, ne vient que confirmer ce fait.

Conclusion :
Trop bien écrire, quel comble tout de même.

A lire si vous voulez en savoir plus sur :
les sponsors
la dématérialisation
la lumière
l’art



4 commentaires:

  1. C'est un peu le problème de Damasio, c'est un virtuose côté écriture mais parfois il se laisse entraîner, j'ai moyennement accroché aux dernières nouvelles que j'ai lu de lui à cause de ça.

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  2. Mais, ça n'est jamais trop bien écrit ;) Moi j'adore son écriture recherchée et virtuose (mon côté snob?)

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    1. J'adore aussi son écriture. Virtuose est tout à fait le mot. Ce qui me désole d'autant plus quand je me sens décrocher de l'un de ses textes... C'est un choix, mais je trouve dommage que certains textes ne soient accessibles qu'aux "initiés". :)

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