31 juillet 2015

Matteo Garrone : Tale of tales (Il racconto dei racconti)

Ce que le synopsis nous dit :
Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d'enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.

Ce que j’en pense :
Les critiques disaient que ce film était “différent”. Elles n’avaient pas menti. Loin de la magie Disney (très loin), tout se résume au fait que l’approche de Matteo Garrone est crue, quelque part réaliste. Les contes se situent dans une période moyenâgeuse, où la beauté des vêtements et le luxe des châteaux se confrontent à la crasse des villageois, à l'obscénité des garde-manger où pendent les cadavres, et surtout à la monstruosité des mœurs. Un contraste permanent se fait entre sublime et horreur. Cela m’a particulièrement frappée vers la fin, lorsque les robes salies, les coiffures défaites restent tout de même le reflet du sublime qu’elles étaient. Les univers qui ont été imaginés pour les trois royaumes sont prodigieux.
Mais c’est gore, c’est répugnant, c’est très dérangeant, et en même temps ça a du sens. Si sa lecture est une expérience beaucoup moins sanglante, j’imagine que l’on aurait pu mettre en scène de manière similaire Le livre des choses perdues de John Connolly. C’est tout simplement que l’on ne nous épargne rien.
Si au sortir de la séance j’étais surtout dégoûtée (probablement sur la défensive), le recul m’a permis d’apprécier tous les détails qui font l”intérêt de ce film : la centralisation sur les femmes, la critique de l’égoïsme des ces rois qui font passer leurs plaisirs avant leur royaume, la superficialité, la méchanceté, la luxure, la recherche de beauté à tout prix... tant de thèmes immuables (les contes qui sont à la source de cette production sont plus anciens que ceux de Grimm ou Andersen).
Au final j’aurais passé beaucoup de temps après coup à chercher, comprendre, discuter de film si marquant. Si j’espère bien ne plus jamais avoir à le revoir un jour (en fait ce n’est pas négociable, il n’y a aucune chance que ça arrive), je ne regrette pas du tout cette expérience.

Conclusion :
Un moment de cinéma dérangeant, voire pénible, mais pas inutile pour autant.

A voir si vous voulez en savoir plus sur :
la chirurgie esthétique
les princes charmant
l’ambition
le prix à payer




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